Anthoine Gioux, procureur en Parlement à Paris

Anthoine Gioux est né à Aubière, comme nous le confirment les registres paroissiaux : 20 février 1624, baptême d’Anthoine Gioux, fils à Guillaume et Anthonia Dégironde ; parrain : messire Antoine (illisible ?), chanoine de l’église Notre-Dame du Port ; marraine : Marie Malhot.

Le 16 janvier 1652, il est présent au contrat de mariage (Me Pierre Dégironde, notaire royal à Aubière, 5 E 0 3351 – A.D. 63) de son frère Guillaume avec Michelle Deperes, fille de Michel et d’Yzabeau de Jarrie d’ Aubière. Notons qu’un autre membre de la frérie, Jacques Gioux épousera la sœur de Michelle, Gilberte Deperes, par contrat, le 1er janvier 1662 chez Me Etienne Chabert, notaire à Ceyrat.

Procureur en parlement

Guillaume Gioux père institue Guillaume son fils « son héritier en tous et chacuns des biens dont il se trouvera saisy appres son deceds conjointement avecq anthoine gioux procureur en parlement, jacques et jean gioux ses autres enfants masles […] jacquette gioux sa fille […] et daultant que ledit guillaume gioux a faict cy devant des advantages a anthoine gioux procureur en la cour pour parvenir a laccomplissement du mariage dentre ledit anthoine et demoiselle françoise gaultier sa femme et pour lacquisition de son office de procureur en ladite cour… »

Le 24 octobre 1657, il est à Ceyrat pour le baptême de sa nièce Marie Chabert, fille à Etienne, notaire royal audit lieu et de Jacquette Gioux ; parrain : Anthoine Gioux, procureur au parlement de Paris.

Le 13 septembre 1659, nous retrouvons Anthoine Gioux en affaire (Maliardon, notaire à Clermont) pour la subrogation du bail à ferme du greffe et domaine de Clermont, de Montrognon et Chamalières, « fut present en sa personne maistre sieur antoine gioux procureur en parlement demeurant au cloistre sainct benoist  estant de present en ceste ville de paris au nom et comme fonde de procuration passee pardevant guneau et de sainct vaast nottaires au chastellet de paris en datte du vingt quatre octobre dernier par maistre rene gaultier advocat en parlement… »

Le 30 juin 1666, le notaire Chaudesolles de Clermont se déplace à Aubière au domicile du sieur Guillaume Gioux pour une vente : « fut present en sa personne me guillaume gioux marchant demeurant a aubiere lequel de son gre et bonne vollonte a vendu et vend par ces presentes cedde quitte remet et transporte a me anthoine gioux son fils procureur au parlement de paris absent… »

Le 4 juillet 1668, c’est à Clermont, chez le notaire Veausse, que l’on traite une vente importante : la terre du Montel (actuellement commune de Busséol), propriété de Louis de Gironde, vendue à Blaise Pascal, secrétaire du roi ; dans l’acte est cité Mr Anthoine Gioux, procureur au Parlement de Paris[1], demeurant au cloître Saint-Benoît, ledit Gioux et Mr René Gaultier s’étant portés caution de Louis de Gironde. En 1673, chez le notaire Savoreux à Clermont, nous apprenons qu’Anthoine Gioux est en procès contre le sieur Blau qui lui doit la somme non négligeable de 13.342 livres.

Le 26 octobre 1677, Anthoine Gioux se rend chez le notaire Guilloteaux à Clermont où deux actes seront rédigés :

• Reconnaissance de Mr de Layval (Jean Dauphin, conseiller à la cour des aides de Clermont) à Anthoine Gioux, procureur.

• Traité entre maître Anthoine Gioux, sieur de Chalus, procureur en parlement, et demoiselle Jeanne Richard, veuve de Claude de Moreau.

Nous le trouvons chez le même notaire, le 16 novembre 1685 : subrogation consentie par Me Anthoine Gioux procureur en parlement de Paris, au profit de Me Jean Gioux son frère, bourgeois de Clermont, mari de Marguerite d’Alboy.

Sieur de Chalus

Comment Anthoine Gioux est-il devenu sieur de Chalus ? C’est Ambroise Tardieu qui nous renseigne : la terre de Chalus est adjugée en février 1667 à Nicolas Villiers, écuyer, conseiller du roi, maison couronne de France ; quatre ans plus tard, la veuve de ce dernier subrogea Antoine Gioux, procureur en Parlement, à l’adjudication de 1667.

Anthoine Gioux tient à profiter des privilèges de l’époque, ainsi que le relève Eric Tixier dans « Les Déclarations de Fiefs nobles et roturiers, pour la contribution du ban et arrière-ban (1674, 1675, 1689, 1693) Sénéchaussée de Riom » :

Guillaume Marcombes, procureur au siège présidial et sénéchaussée d’Auvergne comparant en lieu et place du sieur Anthoine Gioux, procureur en parlement, bourgeois, habitant la ville de Paris, âgé d’environ 50 ans, déclare qu’il a « requis estre descharge du service personnel et contribution que le ban et l’arrière-ban l’oblige suivant les privilèges accordés par sa majesté aux bourgeois de Paris, confirmé par ses lettres patentes, du mois de mars 1669, vérifiées et enregistrées ».

Tardieu nous apprend qu’Anthoine Gioux est décédé en 1689, et que la terre de Chalus est vendue la même année par sa veuve Françoise Gaultier et son gendre Jacques Raudot, conseiller au parlement de Metz et à la cour des aides de Paris.

Derrière la réussite d’Anthoine Gioux, il y a René Gaultier, vraisemblablement son beau-père, et d’autres concours de circonstances que nous ignorons. Reste à savoir si Jacques Raudot a une descendance…

La famille Raudot

Anthoine Gioux, procureur au Parlement de Paris, est marié à Françoise Gaultier. Nous ignorons la date et le lieu de leur mariage. Vers 1650, vraisemblablement à Paris, naît Françoise Gioux, leur fille. De son mariage avec Jacques Raudot, le 12 juin 1678, Françoise Gioux aura au moins trois enfants : Antoine Denis, Jacques Denis et Marguerite Françoise. Antoine Denis, l’aîné, va avoir un destin particulier qui l’emmènera jusqu’en Nouvelle-France. Faisons d’abord connaissance avec la famille Raudot.

Jacques Raudot
(© Collection Rémi Bocquentin)
Françoise Gioux, épouse Raudot
(© Collection Rémi Bocquentin)

La famille Raudot est originaire d’Arnay-le-Duc, une petite ville près de Dijon, en Bourgogne. On y retrouve sa trace dès 1360. On les retrouve au XVIIème siècle où ils ont acquis une situation sociale importante. L’oncle de Jacques, Philbert, était maire de la ville, et son père, Jean, seigneur de Bazernes, dans l’Yonne, et de Coudray, dans l’Aisne, était de plus au service du roi et occupait le poste de lieutenant à l’élection d’Auxerre et de commis à l’extraordinaire des guerres. On croit savoir que les Raudot doivent leur ascension et une situation importante dans les milieux de la marine au mariage de Jean avec Marguerite Talon, qui appartenait à la branche de la famille la plus célèbre, celle de Paris. Marguerite était la fille de Jean Talon, receveur général des « boettes et monnoyes de France », et sa cousine Marie avait épousé le père de l’aîné des Pontchartrain, le ministre de la Marine. C’est peut-être grâce à ces liens de parenté que Jean Raudot devint fermier général puis, le 1er mai 1640, secrétaire du roi. Les trois fils de Jean Raudot se distinguèrent au service du roi. Si les deux plus jeunes choisirent l’armée, Jacques préféra la magistrature.

Jacques Raudot est né, selon les sources, entre 1638 et 1646. Il meurt à Paris le 20 février 1728. Après avoir reçu une solide formation en droit, Jacques devient avocat au parlement de Paris. Le 16 février 1673, il est nommé conseiller au parlement de Metz. Puis, le 26 mai 1678, il revient à Paris, comme conseiller à la Cour des Aides, où il est vite marié à Françoise Gioux.

Vingt-six années passent pendant lesquelles il rend de « bons et loyaux services » à la Cour des Aides. Est-ce pour le remercier qu’on lui confie, le 1er janvier 1705, conjointement avec son fils Antoine Denis, l’intendance de la Nouvelle-France ?

Le mariage de Jacques Raudot avec la fille d’un procureur au parlement de Paris, Anthoine Gioux, lui avait offert une place importante au sein de la noblesse de robe. Ses états de service, les relations de sa famille maternelle, et peut-être le fait que son cousin, Jean Talon ait été le 1er intendant de la Nouvelle-France entre 1665 et 1672, ont sans doute aussi pesé dans sa nomination outre-Atlantique…

(© Pierre Bourcheix, 2023)


[1] – Le procureur du roi, ou procureur général, faisait partie des « gens du roi », officiers chargés de parler au nom du roi et de défendre ses intérêts. Jusqu’au XIVe siècle, le roi choisissait ses gens parmi les avocats et les procureurs, puis il a eu des officiers particuliers : avocat du roi, procureur du roi et substituts. Les gens du roi se réunissaient dans une chambre particulière du parlement, le parquet, où ils se répartissaient les affaires à traiter devant les


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